Jana Sterbak est une des artistes québécoises les plus reconnues sur la scène internationale pour ses apports radicaux sur la condition humaine, qui tournent autour de la création de nouveaux icones inspirés de la littérature ou des mythes du passé et, influencés à la fois par les religions, les croyances ou les connaissances scientifiques.
Sterbak a présenté au Musée de Montserrat (Barcelona) une exposition extraordinaire : « Jana Sterbak a Montserrat. Una presència » (« Jana Sterbak à Montserrat. Une présence ») et qui sera ouverte au public jusqu’au 1er mars 2015. Jana Sterbak a compté avec la collaboration du Bureau du Québec à Barcelone, la Galeria Toni Tàpies et le Musée d’Art Contemporain de Barcelone.
« Il s’agit d’une exposition très audacieuse à travers laquelle l’artiste a voulu créer un dialogue entre ses objets et les œuvres du fonds du Musée, ce qui lui a permis de créer une sorte de combinaison très suggestive » a signalé le père Josep de C. Laplana, directeur du Musée de Montserrat. « L’espace d’exposition a été utilisé comme un laboratoire afin de créer une œuvre intégrale, une archive d’archives », a dit Teresa Blanch, la commissaire de l’exposition.
La richesse du travail de l’artiste joint à celui de la commissaire offre un parcours qui passe par les préoccupations pour le corps humain, en lutte constante pour se libérer des jougs des conditions et impositions, jusqu’à l’intérêt actuel de Jana Sterbak pour la cosmogonie.
Sterbak utilise par ailleurs tout au long de l’exposition une métaphore qui se réfère aux transformations de la construction de l’identité.
D’autre part, l’exposition transpose une interprétation ironique de ce que comporte de tragique la destinée, tout en fournissant aux œuvres force poétique et conceptuelle. Elle utilise des matériaux actifs, vifs ou changeants pour obtenir des effets inespérés. C’est le cas d’une œuvre qui embouteille la sueur humaine, Olfactory portrait (1995), d’où émanent des effluves intensément érotiques. Dans ce cadre discursif il y a les trois éléments faits d’or massif dans Separation (Cindarella) (2014), œuvre exposée pour la première fois, et qui réfléchit sur la récompense face à l’oppression injuste, une idée très proche du récit infantile de Cendrillon.
Soulignons certaines des œuvres les plus significatives de l’exposition, même si toutes le sont.
Remarquable série de sculptures telles des béquilles gigantesques (Monumental crutches, 2002), le bac-à-dors de pierre que imitent le mythe de Sisyphe ou encore la conversion des mètres en formes pointues pour démontrer l’exigence des mensurations corporelles (Measuring tape cones, 1979).
Extraordinaire installation que l’ensemble de sphères que conforme l’installation Planetarium (2003), adaptation de la création du système solaire qui relate la dichotomie cosmogonie/cosmologie, ligne directrice de l’exposition mais également leitmotiv de la totalité de l’œuvre de Jana Sterbak.