Le 21 mars dernier, dans le cadre de la célébration de la Francophonie, le Comité pour la promotion des études françaises et francophones du Département de Philologie française de l’Université Autonome de Madrid a présenté, avec la collaboration de l’ambassade de France, une conférence de l’anthropologue Nicole Nanatasis O’Bomsawin sur « Les traditions de l’oralité au Québec ».
Grande experte de la culture des Abénakis, la nation à laquelle elle appartient, diplômée universitaire en anthropologie et muséologie, Nicole O'Bomsawin a été directrice du Musée des Abénakis en Odanak et a travaillé dans la Réserve de la biosphère du Lac Saint-Pierre. Actuellement, elle enseigne l'anthropologie aux adolescents amérindiens. Docteur honoris causa de l'Université de Montréal en 2011, cette université a souligné la "richesse de sa pensée et de son action".
Dans sa conférence, madame O’Bomsawin a insisté sur l'importance de la tradition orale comme moyen de transmission de la culture et de l'identité, et sur sa relation avec le sacré, soulignant la valeur des contes et des légendes, ainsi que leur dimension pédagogique : ils sont "notre école", a-t-elle dit, et "on apprend à travers ceux-ci ce qui est avantageux ou dangereux". Entre ces narrations on peut découvrir l'histoire de la création, qui est racontée par divers membres de la communauté tout au long des différentes semaines de l'hiver. Elle a expliqué également comment les surnoms traduisent les caractéristiques propres de la personne, et comment l'évangélisation, qui a commencé au début du XVIIe siècle, et le baptême, accepté pour obtenir des fusils, ont entraîné la disparition des patronymes amérindiens.
La lecture de poèmes d'auteurs des nations innus et cris et un chant accompagné au tambour ils ont complété la conférence. Ils ont été particulièrement appréciés par les professeurs et les étudiants qui y ont assisté. Cette présentation illustre bien l'énergie créatrice, la connaissance profonde de l'univers des "Premières Nations" et le militantisme de Nicole O'Bomsawin.
Article écrit par: Carmen Mata Barreiro, Professeure titulaire du Département Philologie Française, UAM