Du 9 au 24 mars, le Festival ArtDanThé donne carte blanche à Marie-Andrée Gougeon, directrice générale de la compagnie Daniel Leveillé danse pour offrir au public un regard sur des chorégraphes et compagnies qui marquent la scène actuelle québécoise. Rencontre avec deux artistes québécois au programme du festival.
Daniel Leveillé - La pudeur des icebergs
- Comment avez-vous été découvert en France et pourquoi votre pièce a-t-elle été sélectionnée au festival?
Anita Mathieu est l’une des premières à avoir fait découvrir mon travail en France en programmant l’une de mes pièces aux Rencontres chorégraphiques internationales de Seine-Saint-Denis. Ce fut le point de départ. J’ai pu ensuite collaborer avec le festival ArtDanThé en 2004. J’y ai depuis présenté presque toutes mes pièces. - Comment La pudeur des icebergs s’inscrit-elle dans votre travail?
Il s’agit du second volet d’une trilogie dans laquelle les danseurs sont entièrement nus. Mon travail vise à l’essentiel des choses et mon écriture s’exprime pleinement par le corps des danseurs. C’est ce qui m’a amené à faire le choix de la nudité.
- Comment se passe la création?
La première fois que j’ai demandé à des danseurs de se mettre nus, ils ont compris, ils l’avaient anticipé. Si on ne brusque pas, le passage se fait facilement, au point que certains d’entre eux m’ont déclaré ne plus vouloir danser habillés!
- Quelle est la perception de votre travail en France?
Même si c’est particulier, les premières se sont bien passées, car j’assume du début jusqu'à la fin la nudité. J’ai dû expliquer ce choix, en acceptant beaucoup d’entrevues, car il faut le comprendre pour pouvoir l’accepter. Marie Béland - BEHIND : une danse dont vous êtes le héros
- Comment avez-vous été découverte en France et pourquoi votre pièce a-t-elle été sélectionnée au festival?
Cela fait plusieurs années que je connais Marie-Andrée Gougeon. Elle avait déjà vu la pièce Dieu ne t’as pas créé juste pour danser puis a assisté à une représentation de BEHIND : une danse dont vous êtes le héros au dernier festival TransAmériques de Montréal avec José Alfarroba, directeur du théâtre de Vanves. Leur coup de cœur les a conduits à vouloir conduits à vouloir programmer le spectacle en France.
- Comment BEHIND : une danse dont vous êtes le héros s’inscrit-elle dans votre travail?
Mon travail est assez conceptuel. Chacune de mes pièces pose des questions sur l’art, la danse et par ricochets sur ce qu’on est comme personne, comme société. Cette pièce est la plus radicale, car les danseurs sont enfermés dans un dispositif qui traduit un questionnement : si on ne voit pas la danse, est-ce qu’elle existe?
- Quelle a été votre méthode de travail?
J’ai placé des panneaux devant les danseurs en cherchant à voir ce qui restait si on éludait le mouvement. Deux éléments restent : la lumière et le son (le bruit des corps et des souffles). Ces deux éléments sont suffisants pour que la danse existe. Avec notre imagination et nos connaissances, on arrive à reconstituer, on imagine ce qui nous manque. C’est de cette découverte qu’a découlé BEHIND : une danse dont vous êtes le héros. J’ai toujours travaillé avec les panneaux, j’ai créé la pièce comme le public la voit, car ce que je chorégraphie, ce sont les reflets.
- Quelle est la perception de votre travail en France?
Je n’ai pas observé de différence majeure avec le public montréalais, mais c’était la première, alors j’attends la suite.